Expulsions

Je crois que je suis devenu historien pour faire un jour cette découverte. La distinction entre nos histoires de famille et ce qu’on voudrait appeler l’Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n’a aucun sens. C’est rigoureusement la même chose. 

– Ivan Jablonka, Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus, 2012

After defeating France in the Second World War and occupying approximately half of the country, German leaders expelled nearly 300,000 people from Alsace and Lorraine to the unoccupied zone. The expulsions were intended to facilitate the annexation of these long-contested territories along the French-German border. Between July 1940 and February 1941, populations that German authorities considered ethnically, culturally or politically undesirable were told to pack no more than 2,000 francs and 50 kilos of food, clothing, and household supplies in preparation for imminent departure. French citizens born in “interieur” France, members of French patriotic associations, left-wing political activists, families with foreign origins, and Jews were displaced to southern France for the duration of the war.

My dissertation, “Four Families in Exile: A Sociopolitical History of Expulsions from Alsace and Moselle, 1939-1950” examines how expelled families and French authorities interacted at the local level to confront the myriad challenges posed by expulsion and its postwar consequences. My work is organized around a case study of four families who resettled in the southeastern Basses-Alpes (today the Alpes de Haute Provence) department. In addition to departmental and municipal archives, I draw on newspapers published by and for expellees and a number of personal written accounts and interviews. By contextualizing these families’ experiences and choices within the broader history of expulsions in France, I aim to develop what I call a social history of governance – a study of the sociopolitical relationships that drove the behavior of families and local authorities at the intersections of state and civil society.

Après avoir vaincu la France en juin 1940 et occupé environ la moitié du pays, les autorités allemandes ont expulsé presque 300.000 Alsaciens et Mosellans vers la zone non occupée. L’objectif de ces expulsions était de faciliter l’annexion des trois départements au Reich. De juillet 1940 à février 1941, des populations considérées par les autorités allemandes comme indésirables d’un point de vue ethnique, culturel ou politique ont quitté la région avec au maximum 2.000 francs et 50 kilos de bagages pour chaque adulte. Citoyens français nés à « l’intérieur », membres d’associations patriotiques françaises, militants politiques, familles d’origine étrangère, et Juifs ont été déplacés dans le sud jusqu’en 1945.

Ma thèse, « Four Families in Exile: A Sociopolitical History of Expulsions from Alsace and Moselle, 1939-1950 », analyse les actions prises au niveau local par des familles expulsées et des autorités françaises pour confronter les défis de l’expulsion et ses conséquences dans l’après-guerre. Ce travail s’organise autour d’une étude de cas de quatre familles qui se sont réinstallées dans le département des Basses-Alpes (aujourd’hui les Alpes de Haute Provence). Mes recherches s’appuient sur de riches archives départementales et municipales, des journaux d’expulsés, et des témoignages écrits et oraux. En remettant les expériences et les choix de ces familles dans le contexte géographique et temporel plus large des expulsions, je propose ce que j’appelle une histoire sociale de la gouvernance – une étude des rapports sociopolitiques qui ont influencé le comportement des familles et des autorités à l’intersection de l’Etat et de la société civile.


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